samedi 27 octobre 2012

Uxmal, un impressionnant mélange entre profane et sacré :


Réveil à l’aube. Je marche dans les rues de Mérida endormie. 
Je prends le bus de six heures du matin pour Uxmal, ancienne cité Maya. Voyagent avec moi des travailleurs mexicains et quelques rares touristes. Il est trop tôt pour les autres touristes. Tant mieux. J’ai choisi cette heure matinale pour cette tranquillité là et pour faciliter le contact avec le lieu. Je veux découvrir dans le calme ma première ville maya. 

A l’arrivée sur le site, ce qui me frappe ce sont les chants d’oiseaux. Des chants inconnus, profondément beaux, que la forêt tropicale qui m’entoure fait résonner en écho. 
Tiens, c’est vrai, je suis en pleine forêt. Ca aussi, ça me frappe, je ne m’y attendais pas. Uxmal n’est pas si loin de Mérida, une heure et demie de bus, en comptant les arrêts… et pourtant déjà nous sommes en pleine forêt. Les oiseaux volent d’arbre en arbre, sans se montrer. Ils tournent autour de moi. Parfois je vois passer un éclair de couleur jaune, rouge, bleu… C’est magnifique. Je n’arrive pas à les prendre en photo, ils se jouent de moi.
Entrée sur le site. Nous sommes une petite dizaine de visiteurs. Je gravis quelques marches et tout à coup surgit la pyramide du devin, la porte d’entrée de la ville, époustouflante de hauteur et par sa forme ovale, unique dans le monde maya me dit le petit guide que j’ai acheté. Elle est imposante et cache tout le reste de la ville. 


Il faut tourner autour de cette pyramide pour découvrir une première cour, puis une seconde, gigantesque. Je suis sous le choc. Et totalement séduit par ces monuments, par leur conservation, leurs dimensions, la délicatesse des sculptures. Les murs sont de toute beauté et la lumière du soleil matinal fait ressortir leur décoration sophistiquée. 

On ne sait rien de la fonction et de l’usage de ces monuments. Lorsque les Espagnols sont arrivés, les villes mayas avaient déjà été abandonnées par leurs habitants. Les archéologues ont bien quelques idées et attribuent à ce quadrilatère des nonnes, comme l’ont appelé les Espagnols, une fonction à la fois civique et religieuse.

 Je poursuis mon chemin, dérange quelques iguanes qui paressent au soleil (décidément je suis vraiment sous les tropiques !) et gagne le palais du gouverneur, magnifique. 



Je monte les marches, me retourne vers l’esplanade pour juger de l’effet. Cette civilisation avait le sens du pouvoir, de la domination, du spectacle. J’imagine le côté grandiose des cérémonies dans un tel décor. Sans compter les costumes et les coiffes en plumes d’oiseaux, tout cela devait être vraiment impressionnant. 




La pyramide principale jouxte le palais. Je gravis ses marches et, à son sommet, j’admire encore une fois la délicatesse des décorations. 


Je me retourne à nouveau et contemple l’ensemble du site. Implantée en pleine forêt, cette ville a un côté magique. D’ici j’aperçois la pyramide du devin, le quadrilatère des nonnes, le palais du gouverneur. Quel site exceptionnel ! Et quel silence ! Exceptés quelques chants d’oiseaux, tout est silence, tout est vide, mort. La beauté de ce site est une beauté morte.


Conchi m’a dit : "Les gens croient que les Mayas sont à Uxmal, à Chichen Itza, à Palenque, mais il n’y a plus rien dans ces sites-là. Tout est mort. Il y a plus de Mayas à Mérida qu’à Uxmal." Je comprends ce qu’elle veut dire. Uxmal est prodigieusement beau, mais Uxmal est vide. Je continue ma visite par le très beau pigeonnier, ainsi appelé par les Espagnols, mais qui était en fait un palais ; puis par le quadrilatère du cimetière, avec ses têtes de mort gravées sur la pierre. Enfin, je termine par le jeu de pelote, jeu caractéristique des populations mésoaméricaines. Deux joueurs s’affrontaient et devaient envoyer une balle en caoutchouc dans un cercle fixé au mur. L’enjeu était important puisque tout cela se terminait par la mort d’un des joueurs, le vaincu… ou le vainqueur ( !) . "On ne sait pas précise le guide, on sait seulement que le jeu se terminait par la mort."
La mort, encore et toujours. La mort qui effraie en même temps qu’elle exerce un pouvoir de fascination.


Les Mayas semblent avoir placé la mort au-dessus de tout. Sans doute leur civilisation avait un caractère violent, que je retrouve dans le Mexique d’aujourd’hui. Mais je vois aussi, ancré dans ce territoire et chez cette population, le sens du sacré, de la vie, de la fête. 

Ce mélange des genres, profane-sacré, vie-mort, c’est peut-être une façon de vivre "plus haut". 
Arriba !

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