vendredi 19 octobre 2012

MEXICO : La mort partout

Mexico.
10 millions d’habitants.
Sa démesure et sa folie.

La ville s’apprête à fêter les morts et les étals des marchés, les échoppes improvisées sur les trottoirs, ou les petits présentoirs des marchands ambulants, sont surchargés de squelettes qui pendouillent, de têtes de morts de toutes dimensions, d’effigies de la mort dans tous les costumes, de papiers finement  découpés, destinés à être suspendus dans les rues, et dans lesquels apparaissent encore et toujours, des représentations multiples de la mort. 

















La mort est même "mise en boîte", c’est un comble ! 

D’adorables petites boîtes multicolores et scintillantes rivalisent de fantaisie et d’imagination en mettant la mort en scène dans toutes sortes de situations : la mort se marie, mange, fait de la boxe !

A Mexico, ce vendredi 19 octobre 2012, première étape de mon voyage, la mort est affichée,  exposée, fêtée. Au-delà de l’aspect commercial de l’événement, finalement moins choquant que l’imagerie Halloween qui s’exporte dans tous les coins du monde, il s’agit bien ici de culture. La mort est partout, on la côtoie tous les jours, elle fait son lit de conditions de vie particulièrement rudes, de la violence et de la pauvreté. 



 Donner à la mort un caractère festif, dans un rituel qui mélange allègrement le profane et le sacré, c’est une façon de l’apprivoiser, de cesser d’en avoir peur. Et de fait, elle paraît sympathique, en tout cas bien  inoffensive,  cette mort colorée avec laquelle on se mettrait presque à danser.


J’imagine que tout cela va monter en puissance dans les prochains jours, j’ai hâte de voir ça.

Je suis complètement sous le charme de cet imaginaire qui aide aussi le voyageur et l’étranger que je suis à apprivoiser cette ville de Mexico dont l’odeur âcre m’a littéralement sauté à la gorge dès ma sortie de l’aéroport. L’altitude de la ville et la pollution rendent la respiration malaisée. La simple montée d’un escalier provoque un début de crise d’asthme ; se retrouver compressé dans une foule active et toujours en mouvement n’arrange pas les choses. Les voitures prennent la ville d’assaut, les embouteillages sont légion ; les coups de klaxon rageurs des automobilistes et les coups de sifflet stridents des policiers postés à chaque carrefour rajoutent à l’ambiance survoltée.



Malgré tout ça, les habitants de la capitale vaquent à leurs occupations dans une attitude presque nonchalante. Ici, on marche, on parle, on mange sur le pouce dans la rue, on fait cirer ses chaussures, on fait la queue pour prendre le bus, on  s’entasse dans le bus, on descend du bus, on affronte la ville, sa violence et son rythme de folie avec un calme de tous les instants.

Les passants ne semblent pas enfermés dans une stérile indifférence à autrui et la rencontre a lieu : « Eres el esposo de mi amiga Isabelle. » me dit en souriant une dame à un passage piéton. Et comme elle insiste, me prenant effectivement pour le mari de son amie Isabelle, je réponds un peu bêtement ma phrase clé : « Soy Frances, no hablo bien espanol ».
Il va falloir que je fasse des progrès au cours des prochains jours si je ne veux pas passer pour le gringo de service !