Mérida, ville blanche.
Sur le chemin, nous traversons des villages dans lesquelles la population maya est majoritaire. Population pauvre, très pauvre. Les maisons sont petites. J’aperçois par les fenêtres des intérieurs rudimentaires : une table, des chaises, un hamac. Pas de lit, ici on dort dans des hamacs. Les enfants jouent dans les rues, des chiens efflanqués semblent collés au sol.
Nous entrons dans un magasin, louons des vélos. Au retour, la mère de famille est en train de tisser une étole, qui sera probablement vendue dans les magasins pour touristes. Elle nous fait une démonstration rapide.
Un petit garçon est là, qui a l’air si triste. Ses yeux tombent. Je le prends en photo. J’ai l’impression de lui voler quelque chose. Qu’est-ce que je lui ai donné en échange ?
La vision est nette depuis l’avion :
cette ville à l’architecture peu élevée (peu d’immeubles)
forme une tache blanche qui contraste avec le bleu de la mer et le
vert de la forêt tropicale, que nous venons de survoler.
Je fais le
voyage entre une vieille dame et un jeune homme au profil typiquement
maya. J’observe discrètement ce voisin, qui ressemble traits pour
traits aux rois, dignitaires ou guerriers mayas, que j’ai vus
dimanche à longueur de stèles au musée national d’anthropologie
: le même front large et fuyant (pas autant qu’à l’époque, où
l’on n’hésitait pas à forcer la nature et à déformer le crâne
des bébés en leur appliquant une plaque sur le front), le même
nez, les mêmes yeux légèrement globuleux… L’ensemble pourrait
être disgracieux mais il n’en est rien. Il s’en dégage même
une certaine noblesse. Nouveau coup d’œil vers mon voisin. C’est
sûr, c’est un roi...
Conchi Léon, auteure et comédienne
mexicaine, d’origine maya, vient me chercher à l’aéroport de
Mérida. La chaleur est écrasante. Nous allons déjeuner avec son
amie Anaé. Au Mexique, on déjeune très tard, à partir de 14h30 et
jusque vers 16h-17h. Les restaurants travaillent pendant tout
l’après-midi, ou presque. La conversation se fait en espagnol et
tourne autour des Mayas. Conchi me confirme l’inquiétant taux de
suicide des adolescents du Yucatan. Et notamment chez les descendants
des Mayas. Les raisons sont multiples d’après elle. Nous aurons
l’occasion d’en reparler.
Je me rends à pied sur le Zocalo, la
place centrale. La nuit tombe et la ville me présente son premier
visage, celui d’une ville coloniale dont l’architecture en
impose. Les Espagnols ont érigé leurs monuments en lieu et place
des monuments mayas, pour signifier leur puissance. On raconte que la
cathédrale de Mérida a été construite avec les pierres d’un
temple maya. Ici, autour du Zocalo, les monuments se succèdent :
cathédrale, Palais du gouverneur, Palais de l’Indépendance, Casa
Montejo…
La ville a gardé de ce passé glorieux une certaine
élégance, prisée des touristes. Je tombe sur un spectacle de
danses, soi-disant mayas. Les danseurs sont jeunes, beaux, ils ont
entre 15 et 20 ans et le sourire aux lèvres. Sourire un peu figé,
légèrement tendu. Les danses s’enchaînent, de plus en plus
rythmées, et un couple rate son pas, entraînant la chute de quatre
ou cinq danseurs. Tous se relèvent, arborant le sourire de rigueur.
Mais le miroir est fêlé. Ces danseurs qui s’exécutent pour les
touristes me racontent une autre histoire. La réalité est beaucoup
plus rude que ces façades qui resplendissent dans la nuit. Et,
derrière la Mérida coloniale, je devine une autre ville, populaire,
métissée, plus pauvre que ce qu’un premier aperçu du centre
ville peut laisser croire.
Un déplacement le lendemain en voiture
avec Conchi et Anaé me confirme mes impressions : la ville de
Mérida, peu étendue, laisse vite place à une campagne aux dures
conditions de vie. Nous partons voir une particularité géologique
de la région, les « cénotes », sortes de grands trous
d’eaux creusés dans la roche.
Sur le chemin, nous traversons des villages dans lesquelles la population maya est majoritaire. Population pauvre, très pauvre. Les maisons sont petites. J’aperçois par les fenêtres des intérieurs rudimentaires : une table, des chaises, un hamac. Pas de lit, ici on dort dans des hamacs. Les enfants jouent dans les rues, des chiens efflanqués semblent collés au sol.
Ces mots, aperçus de la voiture : « …programme gouvernemental pour l’amélioration des conditions de vie des populations indigènes. »
Le mot « indigènes » résonne dans ma tête.
Nous entrons dans un magasin, louons des vélos. Au retour, la mère de famille est en train de tisser une étole, qui sera probablement vendue dans les magasins pour touristes. Elle nous fait une démonstration rapide.
Un petit garçon est là, qui a l’air si triste. Ses yeux tombent. Je le prends en photo. J’ai l’impression de lui voler quelque chose. Qu’est-ce que je lui ai donné en échange ?